histoir

La guerre du Péloponnès

Corcyre, cause de la guerre ?

D'après Thucydide, l'origine de la guerre du Péloponnèse serait un conflit entre Corcyre et sa métropole Corinthe à propos de la colonie de Corcyre Épidamme en 435 av. J.-C.

Épidamne était en proie à des attaques répétées de ces voisins, des « barbares » alliés au parti aristocratique expulsé quelques années plus tôt. La cité appela à son aide sa métropole Corcyre qui refusa de lui porter secours. La fondation d'Épidamne s'étant faite grâce à un oikiste et à des colons venus aussi de Corinthe, l'oracle de Delphes conseilla aux Épidamniens de faire appel à la métropole de leur métropole. Celle-ci avait des griefs contre sa colonie qui ne lui témoignait pas tout le respect qui lui était dû. De plus, avec l'autonomie croissante de Corcyre, Corinthe perdait le contrôle de la route commerciale vers la Sicile et la Grande Grèce. Corinthe envoya donc des troupes et des colons à Épidamne. Corcyre exigea leur départ, mais aussi le rappel des aristocrates bannis. Le refus épidammien entraîna l'envoi par Corcyre de quarante de ses cent-vingt navires qui mirent le siège devant la colonie. Les négociations échouèrent. Corinthe, aidé de quelques autres cités grecques, envoya soixante-quinze navires et 2 000 ou 3 000 hoplites. La flotte rencontra quatre-vingts navires corcyréens au cap Leukimmè, au sud de Corcyre. Corinthe perdit quinze navires. Les prisonniers (sauf les Corinthiens) furent égorgés. Le même jour, Épidamne était prise. Corcyre, vainqueur, envoya ses navires ravager Leucade, colonie de Corinthe et Kyllène, port d'Élis qui s'était alliée à Corinthe.

Les deux années suivantes (434 et 433 av. J.-C.), les cités ne s'affrontèrent pas, mais Corinthe s'arma et Corcyre se chercha des alliés. L'île se tourna vers Athènesavec qui elle signa une alliance défensive. Dix vaisseaux athéniens furent envoyés à Corcyre, avec pour ordre de n'intervenir que si les Corinthiens essayaient de débarquer sur Corcyre ou sur un territoire lui appartenant. Corinthe attaqua avec cent-cinquante navires (dont certains appartenaient à ses alliés péloponnésiens). La bataille navale des îles Sybota est considérée par Thucydide comme relevant de « l'ancienne tactique » : un affrontement d'hoplites embarqués à bord de navires. Les Corcyréens enfoncèrent l'aile droite corinthienne mais furent défaits sur leur aile gauche. Cette situation entraîna l'intervention athénienne. La bataille fut considérée comme une victoire par Corcyre mais aussi par Corinthe. Thucydide écrit cependant que « c'est ainsi que Corcyre eut le dessus dans la guerre contre Corinthe ». Ce fut aussi la rupture de la fragile paix entre Athènes et le Péloponnèse et le début de la guerre du Péloponnèse.

La guerre civile

La guerre en Grèce eut des conséquences à Corcyre même qui se trouva en proie à la guerre civile d'après Thucydide.

En 427-426 av. J.-C., la guerre civile faisait rage à Corcyre entre les démocrates et les aristocrates. Les prisonniers qui avaient été faits lors des batailles à propos d'Épidamne avaient été libérés, soit en échange d'une énorme rançon, soit en échange de la promesse qu'ils feraient tout pour réconcilier leur cité et Corinthe. Ils essayèrent de tenir leur engagement, mais, à la suite d'un vote, il fut décidé que Corcyre resterait l'allié d'Athènes. Il semblerait que le parti aristocratique ait été favorable à Corinthe, alors que le parti populaire penchait pour Athènes. Les différents chefs des deux partis se citèrent d'abord en justice. Péithias, chef du parti populaire, fut acquitté des charges, politiques, qui pesaient contre lui. Il assigna alors ses adversaires en justice, cette fois-ci, sur une accusation de sacrilège. Les cinq membres du parti aristocratique furent condamnés à une très lourde amende. Péithias, personnage influent du Conseil, insista pour que celle-ci fût payée. Les aristocrates et leurs partisans s'en prirent alors physiquement aux démocrates. Péithias fut attaqué et tué dans la salle même du Conseil, avec une soixantaine d'autres personnes présentes. Ses partisans se réfugièrent sur une trière athénienne.

Les aristocrates réunirent alors l'Assemblée des citoyens et lui firent voter la neutralité de la cité dans la guerre. Une trière corinthienne transportant des émissaires de Sparte aborda à Corcyre et peu de temps après, le parti aristocratique lança une nouvelle attaque contre le parti démocrate. Ce dernier fut d'abord vaincu. Les survivants se réfugièrent sur l'Acropole. Ils étaient aussi encore maîtres du port Hyllaïque. Les démocrates réussirent à se rallier les esclaves, en leur promettant la liberté, tandis que les oligarches faisaient venir huit cents mercenaires. Le lendemain, un nouvel affrontement eut lieu. Les démocrates le remportèrent. Les aristocrates, pour éviter la prise de l'arsenal mirent le feu aux bâtiments autour de l'agora.