histoir

Le roi de Sicile pourvut pacifiquement à l'administration de Corfou et des villes d'Épire, dont il avait légitimé la possession par son mariage avec la fille du despote. Il choisit pour lui servir de lieutenant dans ses possessions d'Albanie son « amiral » (c'est-à-dire le plus grand officier du Royaume de Sicile) Philippe Chinard (en), comte de Conversano, qui avait vécu dans sa jeunesse au milieu des Grecs. Il était en effet issu de la chevalerie franque du royaume de Chypre, brève possession de Frédéric II de Hohenstaufen, père de Manfred, et avait suivi celui-ci en Sicile. Le gouverneur résida à Corfou. Son autorité s'étendait sur tous les dignitaires, tant ecclésiastiques que civils et latins que grecs. Il donna l'ordre de démolir le palais de l'archevêque latin de Corfou, parce que cet édifice s'élevait trop près de la citadelle.

C'est à Corfou que Philippe Chinard reçu la nouvelle de la bataille de Bénévent du 26 février 1266, qui vit la défaite et la mort Manfred face à Charles d'Anjou, nouveau roi de Sicile. Le coup était pour lui terrible: il pouvait regarder comme perdu son comté de Conversano en Apulie. Désigné par les condamnations pontificales comme l'un des plus dangereux partisans du roi excommunié Manfred, il n'avait rien à attendre d'une soumission à Charles d'Anjou. Alors le gouverneur franc de Corfou, que le chroniqueur byzantin Georges Pachymères devait plus tard désigner comme un personnage illustre et très puissant, offrit à Michel II d'Épireune alliance. Celui-ci lui offre la main de Maria Petraliphaina, sœur de sa propre femme, ainsi que certaines villes anciennement au pouvoir de Manfred: Berat,Valona et surtout Kanina (en), château dominant la région de Valona. Cependant Chinard ne profita pas longtemps de ses nouvelles possessions: Michel II organisa son assassinat, et Pachymèdes rapporte que sa veuve se fit apporter sa tête sur un plat d'or.

Cependant, Charles d'Anjou avait affirmé son intention de reprendre la politique orientale de ses prédécesseurs Hohenstaufen en signant le 27 mai 1267 le traité de Viterbe avec Baudouin, l'ancien (et dernier) Empereur latin réfugié chez lui, et Guillaume II de Villehardouin. Corcyre et le Despotat d'Épire pouvaient en effet être un premier pas vers la reconquête de Constantinople. Il envoya cent galères et vingt vaisseaux.