histoir

 

 

Le lendemain, Nicostratos, un stratège athénien, arriva avec 12 navires et 500 hoplites messéniens. Il obligea les différents partis à accepter son arbitrage. Les aristocrates responsables de la rébellion et en fuite devaient être jugés pour leurs actes ; une amnistie serait déclarée pour tous les autres ; et une alliance serait conclue avec Athènes. Il fut aussi décidé d'échanger des vaisseaux de guerre entre les deux cités. Les démocrates pensaient pouvoir se débarrasser de leurs adversaires politiques en les envoyant à Athènes. Plutôt que d'embarquer, les partisans des aristocrates, près de quatre cents, se réfugièrent dans les temples des Dioscures et d'Héra. Ils furent persuadés d'en sortir et exilés sur un îlot.

Une flotte péloponnésienne d'une soixantaine de navires tenta de profiter de la situation. Corcyre arma des trières dans l'urgence et les envoya au fur et à mesure qu'elles étaient prêtes. Elles arrivèrent donc face aux navires ennemis en ordre dispersé. De plus, la guerre civile faisait rage à bord même des vaisseaux corcyréens. Certains désertèrent. Sur d'autres, les marins se battaient entre eux. La flotte en général était en difficulté. Les trières athéniennes étaient en infériorité numérique et ne purent qu'empêcher la défaite totale des Corcyréens qui battirent en retraite après avoir perdu treize navires.

Les partisans des oligarches furent rapatriés de leur îlot afin de ne pas pouvoir être secourus par la flotte péloponnésienne. Démocrates et aristocrates négocièrent alors une réconciliation. Il s'agissait, pour tous, de défendre la cité avant tout. Les aristocrates acceptèrent de servir à bord des navires de guerre. Corcyre se prépara aussi à un siège, mais elle ne fut pas attaquée. Les Péloponnésiens se contentèrent de ravager le cap Leukimmè puis se replièrent. En fait, soixante trières athéniennes arrivaient en renfort. Alors, les démocrates massacrèrent tous les oligarches qui étaient restés à terre. Ceux qui s'étaient réfugiés dans les temples furent convaincus d'en sortir, jugés et condamnés à mort. Certains préférèrent enfin se suicider. Les survivants, à peu près cinq cents, s'emparèrent des territoires continentaux de la cité, d'où ils menèrent des raids contre l'île. Ils causèrent suffisamment de dégâts pour créer une famine dans la cité. N'ayant pas réussi à convaincre Corinthe ou Sparte de les aider à revenir dans leur patrie, ils engagèrent des mercenaires et débarquèrent sur l'île. Là, ils brûlèrent leurs navires pour ne pouvoir reculer et s'installèrent sur le mont Istônè d'où ils reprirent leurs raids. Ils s'emparèrent rapidement du contrôle des campagnes.

En 425 av. J.-C., Athènes envoya une flotte pour aider ses partisans sur Corcyre. L'idée était de sécuriser la route vers la Sicile. Une sortie des démocrates aidée des hoplites athéniens eut raison des oligarches qui se rendirent. Ils obtinrent d'être envoyés à Athènes pour y être jugés. Craignant que les tribunaux de leurs alliés ne condamnent pas à mort leurs ennemis, les démocrates usèrent d'un stratagème pour les perdre. Ils les poussèrent à chercher à s'enfuir, ce qui rendait caduc l'accord avec Athènes. Par ailleurs, les stratèges athéniens, pressés de se rendre en Sicile, ne furent pas mécontents de pouvoir se décharger de leurs prisonniers sur les Corcyriens. Les démocrates massacrèrent sauvagement leurs ennemis oligarches et vendirent les femmes comme esclaves.

La guerre civile prit ainsi fin, avec la disparition quasi complète d'un des deux partis.

 

L’expédition de Sicile

Corcyre resta ensuite dans l'alliance athénienne et participa à ses différentes expéditions. Ainsi, elle fournit quinze navires et des hoplites pour le second corps expéditionnaire commandé par Démosthène envoyé par Athènes contre Syracuse en 413 av. J.-C. Cependant, leur présence à la bataille des Épipolesdécontenança les Athéniens. À chaque fois que les Corcyriens entonnaient le péan, ils faisaient paniquer leurs alliés. En effet, Corcyre et Syracuse, liées par des liens de colonisation, avaient des péans très proches. Les hoplites athéniens croyaient à chaque fois que les Syracusiens avaient percé leurs rangs.

Au retour de la paix, Corcyre reprit ses traditionnelles activités commerciales.

La puissance romaine

Une position convoitée

La position géographique de l'île entre l'ouest et l'est de la Méditerranée et entre Rome et la Grèce continua à faire de sa possession un enjeu stratégique. Si elle connut un moment de relatif répit après la guerre du Péloponnèse, qui vit le séjour d'Aristote et de son élève Alexandre, les différents souverains hellénistiques s'en disputèrent la domination.

En 299 av. J.-C., Corcyre assiégée par Cassandre fut dégagée par Agathocle, tyran de Syracuse qui devint ainsi maître de l'île. Il s'en désintéressa immédiatement pour partir en Afrique

En préambule à ses guerres en Italie, Pyrrhus s'empara de l'île, à sa seconde tentative, soit en 295 ou en 280.

Profitant de l'atmosphère générale, Corcyre chercha à s'emparer de la Crète. Elle monta une expédition qui débarqua sur la grande île. Elle finit cependant par rapatrier ses troupes.

Le choix de la protection de Rome

Au iiie siècle av. J.-C., les échanges commerciaux florissants de Corcyre eurent à se plaindre des pirates qui opéraient depuis l'Illyrie. La cité se tourna donc versRome. Des ambassadeurs romains furent envoyés par le Sénat à Teuta, la reine d'Illyrie, afin de demander que toute attaque contre le nouvel allié romain cessât. La reine fut irritée par l'attitude d'un des