Histoire de Corfu

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Cependant, si la Grande-Bretagne consentait à se séparer de la plupart des îles Ioniennes sans difficultés, ce n'était pas le cas pour Corfou. Le Foreign Secretary (Ministre des Affaires étrangères) britannique, Lord John Russell déclara qu'en raison de l'intérêt militaire et maritime que représentait Corfou, le Royaume-Uni souhaitait en conserver la possession. Bien sûr, l'opposition des autres puissances européennes l'en empêcha. Ainsi, le 14 novembre 1863, un Traité de Londres fut signé par la Grande-Bretagne, la France, l'Autriche, la Prusse et la Russie (en fait les pays signataires du Traité de Paris qui, en 1814, donnait les îles au Royaume-Uni). Ce traité stipulait la neutralité perpétuelle de Corfou, ainsi que l'interdiction d'y faire stationner des troupes en grand nombre, pour quelque raison que ce fût (sauf pour assurer la police). Enfin, les fortifications de l'île devaient aussi être démantelées. Sur ce dernier aspect, étant donné la taille de ces ouvrages, le traité fut difficile à appliquer : toutes les fortifications et pièces d'artillerie tournées vers la mer (Fortezza Nuova, Fort Abraham et sur l'île de Vido) furent détruites à coup d'explosifs, mais les fortifications « de terre » existent toujours aujourd'hui.

Une fois rattachée à la Grèce, Corfou devint un lieu de villégiature royale privilégié. Le départ des Britanniques permit en effet à Georges Ier d’y acquérir à la fois l’ancien palais des gouverneurs et la résidence d’été de ceux-ci, la villa de Mon Repos. Plusieurs membres de la famille royale hellène virent ainsi le jour dans l’île (le prince Georges en 1869, la princesse Alexandra en 1870 et le futur duc d’Édimbourg en 1921) et l’une des filles de Georges Ier, la princesseMarie, y épousa le grand-duc Georges Mikhaïlovitch de Russie en 1900. La Maison d’Oldenbourg n'était cependant pas la seule à apprécier Corfou. Dans les années 1880 et 1890, l’impératrice Élisabeth d’Autriche s’y rendit régulièrement et la souveraine y fit construire une villa, l’Achilleion. À la mort de l’impératrice en 1898, la résidence fut abandonnée et c’est seulement en 1907 qu’un nouveau résident princier s’y établit : entre 1908 et 1914, le kaiser Guillaume II d’Allemagne passa ainsi chaque printemps dans la villa.